Galerie de photographies en ramifications construites comme des errances.
La toile héberge depuis 2000, une galerie de photographies en forme de labyrinthe. Elise, photographe et auteur multimédia, et Antoine, développeur web, ont associé leurs compétences et leur imagination pour lancer labyrinthe, une galerie photo toute en ramifications.
Le visiteur de galeries est paresseux. Après avoir passé la porte, il arpente nonchalamment les couloirs du lieu et parcoure ses cimaises en suivant un itinéraire balisé à l'avance. Un peu en retrait ou le nez collé sur les images, il longe les murs. Que dire de la majorité des galeries photos qui sont sur l'Internet sinon qu'elles sont trop souvent une reproduction de ce mode d'exposition. De clic en clic, le visiteur, internaute à ses heures, suit un parcours scénarisé sur un mode linéaire. Et pourtant… parmi quelques autres, le site d'Elise et Antoine revisite depuis 1999, cette image simpliste des galeries sur l'Internet. Passé la page d'accueil, une image paysagère, que la souris peut animer, découvre au visiteur des hôtes aux silhouettes étranges affublées de légendes énigmatiques : "passons au salon", "to be or not…", "je suis la fatalité", "où est la rue ?". De là s'offrent au visiteur des itinéraires construits comme des errances.
Il y a la rue, la mer, des intérieurs. Sans deviner leur cohérence, le visiteur se promène, d'histoire en histoire au travers des photos et de leurs animations. Conçue totalement en javascript, pour être visitée simplement par tous, cette galerie de photographies est remplie d'astuces qui sont autant d'itinéraires nouveaux à découvrir : apparition-disparition de personnages qu'il est possible de fixer sur l'écran avec la souris ; fenêtre volante qui détaille la vague d'une image de bord de mer ; zoom sur la publicité d'une photographie d'arrêt de bus ; clic sur le panneau d'un carrefour pour aller rejoindre des pêcheurs à Saint Malo ; roll over sur un immeuble dont les fenêtres s'ouvrent et se referment… Il y a aussi les légendes, successivement drôles, interrogatives ou suspensives : "où va celle-là ?", "Je préfère prendre le bus", "A la GayPride", "Un peu d'air…".
Il y a, c'est certain, de la littérature dans cette bibliothèque d'images remplie de fictions. En exergue de cette exposition surprenante, le visiteur pourrait se laisser guider par les premiers mots qui ouvrent La Bibliothèque de Babel de Borges : "L'univers (que d'autres appellent la Bibliothèque) se compose d'un nombre indéfini et peut-être infini de galeries hexagonales, avec au centre de vastes fonds d'aération bordés par des balustrades basses. De chacun de ces hexagones on aperçoit les étages intérieurs et supérieurs, interminablement." Il est ainsi facile de se perdre dans ce labyrinthe imaginaire même si il est possible d'en reconnaître certaines allées : La Défense, Saint-denis, la Bretagne, etc. Le visiteur ne s'y arrêtera pas cependant car cette errance imagée se passe de tout repère.
Au-delà de la poésie ludique qui se dégage de ce site, il y a une réflexion très intéressante sur la photographie et ses modes d'exposition et sur la manière dont ceux-ci peuvent influer sur la perception du monde qu'elle est censée représenter. Plus encore, ce site est progressivement devenu un concept que ces auteurs aimeraient pouvoir rapidement décliner sur d'autres contenus en le proposant notamment à des sites d'information où il pourrait mêler, plus encore, le texte et l'image.